1 RENCONTRE – UN ‘SAHARIEN’ DANS LA VILLE

« Ici, on est soit très riche, soit très pauvre. (…) Je ne suis pas malheureux d’être né pauvre.» Une philosophie de vie d’une maturité rare à 25 ans, bien loin des enfants souvent trop gâtés des terres eurasiennes.

A mille lieux des gars des villes, Brahim, ce gars des champs de sable né à Tarfaya avant de grandir à M’Hamid, goûte à la vie marrakechia. Les vices de cette ville rouge ne semblent guère intéresser celui dont le bonheur passe « par la simplicité de la vie dans le désert ». Ayant quitté la malhonnêteté d’un vendeur de rêves qui l’avait fait venir dans cette ville construite de méandres et d’hyperactivité, il épaule à présent un marchand de bijoux d’un quartier hospitalier de la médina. Pour quelques mois seulement. Car ce nomade part en Espagne à partir de juillet. Depuis cinq ans, Brahim vend des bijoux sur des foires des terres catalanes entre l’été et l’automne. Un havre de liberté pour celui qui vécut son premier amour à 22 ans avec une jeune femme de son village, dont l’impatience à l’égard du mariage l’a conduite hélas dans les bras d’un autre. Une déconvenue sentimentale qui n’a pas abattu Brahim. Lui qui parle arabe, amazigh, espagnol, catalan, italien, anglais, français, trouvera toujours du travail. « Je pourrai toujours m’exporter ! ». Il en est persuadé ; moi aussi. Son aplomb pétri de gentillesse et couronné d’une allure tout à la fois discrète et charismatique s’accompagne d’un certain dénuement. Le prix de la liberté sûrement. « La pauvreté n’est pas toujours une mauvaise chose. Elle m’a assuré une chose : mon cerveau est assurément relié à mon cœur ».

Texte & photo 100 escales – E.K.

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