1 RENCONTRE – PAULE, LE MIRAGE DE 85 PRINTEMPS

Elle est un courant d’air. Rugueux et gracile. Presque invisible. C’est une chance de l’avoir croisée ici, cette belle des champs qui fuit la ville.

Ce matin, elle devait être là, à Marrakech, perchée sur une terrasse, pour accueillir des amis… ou plutôt pour les cueillir à l’aéroport et immédiatement s’envoler vers le Grand Sud, son seul pays. Quelque part au-delà de Zagora pour cette jeune fille de l’Ain devenue une petite vieille de 85 ans dont la vitalité de l’esprit fait un pied de nez – peut-être même un doigt d’honneur – au poids de chacun de ses nombreux printemps. Des printemps qui s’égrainent sous l’été permanent de son Sahara d’adoption, entre sa maison en pisé et ses dromadaires auxquels elle voue une admiration sans borne, lorsqu’elle ne retourne pas brièvement en France où elle danse entre les quatre murs de son appartement lyonnais pour repousser la grisaille de ses terres qui seront toujours trop nordiques.
Sa première apparition sur notre chemin ? Sa montée souffreteuse des escaliers de la terrasse de mon hôtel qu’elle accompagnait de quelques paroles chevrotantes : « s’il est aussi difficile de monter les escaliers menant au Paradis, je comprends pourquoi je n’y suis pas encore ! »
Dieu merci, je l’ai croisée avant.

Texte & photo 100 escales – E.K.

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