1 RENCONTRE – ENLUMINEUR DES RUES

Avant d’entendre le son de sa voix, j’ai lu sa force de caractère à travers ses peintures. Son art naïf tranche avec l’agressivité des rues de la ville… Les lieux dont Saïd ne semble conserver que le foisonnement et les couleurs, tel un Jérôme Bosch version Où est Charlie !

« Je ne fais pas ça pour l’argent. Je peins avec le cœur. Maintenant, les gens travaillent une année pour se payer une semaine de congés. C’est honteux », martèle Saïd Karkri en guise de préambule. Lui n’a pas voulu construire sa vie comme un labeur dont la pénibilité sert à vivoter. Certes, il n’est pas Crésus, mais il aime vivre selon le rythme de son pinceau, de son imagination et de la tumultueuse place Jemaa El’Fna dont il a choisi l’un des flancs pour se poser toute la journée. Dans une autre vie, il a exposé ses oeuvres naïves en Europe. Mais cette vie l’éloignant de sa peinture et surtout de sa liberté et donc de son inspiration, il lui a préféré la cohue de Marrakech et surtout celle de ses ruelles.

« Je n’aime pas la modernité ! »

« Je peins depuis dix ans dans les rues de Marrakech. J’échange avec les gens. Je ne parle pas qu’avec ma peinture. Je suis entouré par ma famille. Vivre seul ? Je ne peux pas. J’ai essayé, mais je n’y arrive pas. Je connais d’autres peintres qui ne sortent jamais de chez eux. Ils ne parlent qu’à leur peinture, entre la télévision et le frigidaire. Ils deviennent fous. (…) Moi, je vis au Mellah (pour info, le quartier où résident les populations juives de la Médina et qui signifie le ‘sel’ en arabe et en hébreu). Les enfants y jouent ; partout, les gens se parlent. C’est un goulot qui condense la vie. A Guéliz (la ville dite moderne de Marrakech, en dehors de la Médina), si tu veux échanger, il faut forcément aller dans un café. Je préférerai vivre à la campagne plutôt qu’à Guéliz. Je n’aime pas la modernité. »

Texte & photo 100 escales – E.K.

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